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Qu’est-ce que le traumatisme?
Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, un événement traumatique peut être :
- un événement singulier et récent (p. ex., un accident de voiture, une agression violente);
- un événement singulier qui s’est produit dans le passé (p. ex., agression sexuelle, décès d’un conjoint ou d’un enfant, accident, catastrophe naturelle ou guerre);
- une expérience éprouvante, répétée et prolongée (p. ex., négligence continue durant l’enfance, sévices sexuels ou physiques).
Lors d’un événement traumatique, une personne a le sentiment qu’elle-même ou une personne qu’elle aime sera gravement blessée ou mourra à la suite de l’événement.
Réaction au traumatisme
Lors d’un événement traumatique, une personne peut réagir immédiatement de l’une des quatre façons suivantes :
Se défendre, riposter contre l’agresseur.
Fuir, tenter de courir ou d’échapper à l’agresseur.
Dans le cas où une personne réagit en se défendant ou en fuyant, elle peut avoir l’impression de vivre une explosion de conscience ou de sensations. Elle peut avoir les pupilles dilatées, présenter de la pâleur ou un rougissement de la peau, une augmentation du rythme cardiaque et des tremblements musculaires.
Se figer, devenir incapable de bouger ou de penser. Lorsqu’elle se trouve dans un tel état, une personne peut se sentir désorientée et avoir du mal à percevoir le monde qui l’entoure. Elle peut se sentir engourdie, devenir tendue, avoir une respiration irrégulière et être incapable de parler.
Se soumettre en tentant de modifier les gestes de l’agresseur et de l’apaiser. La soumission est plus fréquente chez les enfants lorsque les premiers événements traumatiques sont récurrents et que l’agresseur est un parent ou une figure d’autorité. Peu de recherches portent sur la façon dont on se sent dans le cas d’une réaction de soumission.
La victime d’un traumatisme peut avoir des souvenirs envahissants de sa réaction traumatique initiale, en réponse à un déclencheur. Un déclencheur peut être tout ce qui rappelle à la victime le traumatisme, que ce soit une saveur, une odeur, une vision, une sensation ou un son. Les souvenirs envahissants affectent le système de la personne tout comme le traumatisme initial, et elle peut se défendre, fuir, se figer ou se soumettre. Les personnes peuvent savoir ou non qu’elles sont confrontées à un déclencheur, si bien qu’elles peuvent soit disposer soit être dépourvues des outils nécessaires pour gérer la situation efficacement. Si une personne n’en est pas consciente, elle peut avoir honte ou se sentir gênée en agissant d’une manière apparemment étrange, alors qu’il n’y a pas de réel danger. Une personne en proie à des souvenirs envahissants peut essayer de s’échapper, devenir agressive, se figer ou même subir une crise de panique.
Le traumatisme et la santé mentale
Auparavant, il était courant de penser que le fait de survivre à un événement traumatique marquait la fin heureuse de cette expérience. Or, nous commençons maintenant à comprendre que le fait de vivre un événement traumatique peut entraîner des changements durables par la suite.
De nouvelles recherches montrent que le traumatisme modifie effectivement le cerveau. De la même manière qu’une blessure physique provoque des changements durables dans le corps, un traumatisme altère le cerveau.
Une personne ayant subi un traumatisme risque de devoir composer avec les conséquences suivantes sur sa santé mentale pendant de nombreuses années, voire de façon permanente, si elle n’est pas prise en charge :
- une incapacité à se sentir en sécurité, même lorsqu’il n’y a pas de danger;
- une incapacité à se percevoir, à reconnaître sa valeur en tant qu’individu ;
- une incapacité à réguler ses émotions, si bien qu’il peut lui devenir impossible de contrôler comment, quand et où exprimer ses sentiments;
- une incapacité à s’engager dans des relations saines et positives.
La personne peut également se sentir constamment en train d’éprouver :
- de la honte ou l’impression de devoir être blâmée pour tout;
- un manque de contrôle sur sa vie;
- une incapacité à accomplir des choses pour elle-même;
- une frayeur chronique.
Les événements traumatiques et les réactions aux traumatismes à court et à long terme qui en résultent peuvent survenir à tout moment de la vie d’une personne. Les traumatismes affectant les enfants pendant le développement de leur cerveau ont des effets majeurs sur leur santé mentale et physique à l’âge adulte et sur la trajectoire de leur vie. Les traumatismes récurrents amplifient également les effets sur le cerveau ou sur la santé physique; c’est ce qu’on appelle les traumatismes complexes. Il n’existe pas de règles établissant les répercussions d’un traumatisme sur une personne. Chaque cas est unique et dépend de nombreuses variables.
Expériences négatives durant l’enfance (ENE)
- « ENE » signifie expériences négatives durant l’enfance.
Les Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis ont dressé une liste des types d’expériences négatives les plus courantes que les gens vivent dans leur enfance et l’a compilée dans le questionnaire ENE. Ce dernier est un outil permettant d’évaluer le nombre d’ENE qu’une personne a subi et peut être un excellent moyen de comprendre les effets néfastes sur la santé, le comportement et la vie à l’âge adulte pour quiconque rencontre des difficultés.
- Le travail réalisé en lien avec les ENE a prouvé que, plus une personne avait connu des ENE pendant son enfance, plus elle risquait d’éprouver des problèmes de santé chroniques à l’âge adulte.
- Il existe une forte corrélation entre le risque d’éprouver des problèmes de santé et un nombre croissant d’ENE.
- À mesure que le nombre d’ENE augmente, on constate une corrélation avec un risque accru de problèmes de santé mentale, tels que les troubles liés à la toxicomanie, la dépression clinique et l’anxiété, ainsi que des problèmes de santé physique, tels que le diabète, les maladies cardiaques et l’obésité.
Au fil du temps, cette liste a été élargie pour tenir compte des expériences qui se produisent à l’extérieur du foyer. Cela inclut les événements traumatiques qui peuvent survenir dans la communauté et dans l’environnement, comme le racisme ou le racisme systémique. Approfondir notre compréhension des événements traumatiques permet de reconnaître les traumatismes qui peuvent se produire dans différents milieux, dans les communautés, la société et l’environnement.
Pourquoi la recherche sur les ENE est-elle importante? La recherche sur les ENE a révélé un lien étonnant entre les traumatismes vécus dans l’enfance, d’une part, et les maladies chroniques et l’adversité sociale et émotionnelle qu’affrontent les gens à l’âge adulte, d’autre part. Les traumatismes peuvent être lourds de conséquences tout au long de la vie d’une personne et sont à l’origine de nombreux problèmes de santé et de bien-être chez les adultes. (traduction libre)
Source: https://www.cdc.gov/vitalsigns/aces/index.html
Pour en apprendre davantage
- Pour le questionnaire international sur les ENE, cliquez ici.
- Pour le questionnaire original sur les ENE et la recherche, cliquez ici ou visitez le site ACESTooHigh.
Les ENE et l’abus de substances
- Plus nombreuses et fréquentes sont les ENE vécues dans l’enfance, plus grand est le risque pour les personnes touchées d’éprouver des niveaux nettement élevés de peur, d’anxiété ou de dépression. Une telle expérience peut être si intense qu’elle semble insupportable. En réaction, celles-ci sont amenées à chercher n’importe quoi pour modifier l’action des substances chimiques dans leur cerveau et faire cesser ces émotions.
- La consommation de nourriture, d’alcool, de tabac, de méthamphétamines et d’autres substances est un moyen courant d’engourdir ce type de douleur.
- Il existe une forte corrélation entre le nombre élevé de traumatismes subis et une consommation plus prononcée ou excessive de ces substances.
- En l’absence de ces substances, les atteintes au cerveau causées par les traumatismes de l’enfance engendrent un tel état de malaise chez les personnes touchées qu’elles n’arrivent pas à trouver le calme ou le bien-être.
- La consommation agit comme une arme à double tranchant : en consommant, la personne peut éprouver un grand soulagement vis-à-vis de ses émotions négatives intenses et de sa douleur. Cependant, lorsqu’elle cesse de consommer et que la souffrance revient, celle-ci est amplifiée et encore plus intolérable, contrairement au soulagement ressenti.
La réponse au stress toxique
« Lorsque la réponse au stress toxique survient continuellement, ou est déclenchée par de multiples facteurs, elle peut imposer un tribut cumulatif sur la santé physique et mentale d’un individu, et ce, pendant toute sa vie. »
Source de Harvard sur le développement de l’enfant. (Traduction libre)
On entend par stress toxique l’exposition continue à des événements traumatiques, et c’est ce qui provoque une réaction au stress toxique. Ainsi, grâce aux recherches sur les ENE, nous savons maintenant qu’il existe une corrélation entre les événements traumatiques de la vie, en particulier ceux vécus pendant l’enfance, et nombre de retombées négatives à l’âge adulte. De nouvelles recherches expliquent les différentes façons dont l’exposition à long terme à ces traumatismes use le corps et l’esprit.
La recherche sur le stress toxique se penche sur les racines physiologiques et les causes des retombées négatives constatées dans la recherche sur les ENE.
Le stress toxique découle de l’exposition répétée à un facteur de stress et pas uniquement à un événement traumatique. Il pourrait ainsi s’agir de l’expérimentation d’un stress constant résultant, par exemple, de la pauvreté et d’une insécurité chronique en matière d’alimentation d’accès à l’eau, de logement ou de revenus.
La réaction de stress correspond à une activation excessive ou prolongée des systèmes dans le corps et le cerveau. Parce que le système de stress est activé pendant une période aussi longue (en raison de l’exposition prolongée à un stress important), il en résulte des effets néfastes sur l’apprentissage, le comportement et la santé physique tout au long de la vie.
Par exemple, lorsqu’une personne appréhende une menace, l’organisme augmente son rythme cardiaque et sa pression sanguine et il produit des hormones de stress comme le cortisol. Ces réactions peuvent même déclencher chez la personne les réactions mentionnées ci-dessus : « se défendre, fuir, se figer ou se soumettre ». Les réactions au stress toxique surviennent dans le cas d’expositions répétées ou prolongées à des expériences menaçantes.
Les manifestations physiques du stress toxique et des traumatismes
La nature fréquente et prolongée du stress toxique provoque une usure du corps, tout comme elle endommagerait une voiture si le moteur tournait constamment, même lorsqu’elle est garée dans l’allée.
Les réactions au stress toxique provoquent des poussées d’adrénaline plus fortes et plus fréquentes dans l’organisme. Le stress toxique ou les traumatismes complexes peuvent causer davantage d’inflammation dans l’organisme, et une exposition précoce aux traumatismes perturbe le développement de tout le système inflammatoire. L’inflammation est la réponse naturelle de l’organisme à une menace ou à une maladie éventuelle. Lorsque l’organisme réagit physiquement à un stress toxique ou à un traumatisme, il peut produire une inflammation pour tenter de se protéger. Lorsque cela se produit de manière répétée, il a été constaté qu’une inflammation peut provoquer un large éventail de maladies, y compris de nombreux problèmes de santé chroniques à long terme.
Les réactions physiques intenses au stress toxique entraînent également une usure physique des organes du corps et rendent plus vulnérable à différents problèmes de santé, notamment les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, l’obésité, le diabète, les maladies auto-immunes et le cancer.
Les effets du stress toxique sur la pensée, l’apprentissage et les fonctions exécutives
Le stress toxique interrompt immédiatement tous les processus cérébraux nécessaires à l’apprentissage, et ce, à tout âge. Cependant, lorsque cela se produit chez les enfants, ceux-ci ratent l’occasion de mettre en place des stratégies d’apprentissage positives et saines, une lacune qui les suit jusqu’à l’adolescence et à l’âge adulte. Être capable d’assimiler de nouvelles informations et de les traiter ainsi que de se rappeler des faits et de les extraire de sa mémoire au besoin devient difficile, voire impossible selon le niveau de stress toxique auquel l’individu est soumis. Cet effet négatif sur la pensée et l’apprentissage est aggravé par un comportement impulsif et l’incapacité à rester calmement assis et à se concentrer. La réponse au stress toxique absorbe entièrement l’esprit, car la survie peut en dépendre. En conséquence, d’autres fonctions du cerveau sont suspendues afin de dégager l’énergie et les ressources nécessaires pour faire face à la menace.
Pour de plus amples renseignements, vous pouvez consulter ce module d’apprentissage.
Une approche de services et de soins tenant compte des traumatismes
Les recherches indiquent également que des relations de soutien et d’empathie avec des adultes attentionnés, et ce, le plus tôt possible dans la vie, peuvent prévenir ou inverser les effets néfastes des réactions au stress toxique.
Les survivants d’un traumatisme ou d’une ENE tirent souvent un grand profit des approches de traitement qui « tiennent compte des traumatismes ».
Des soins fondés sur les traumatismes font référence aux approches thérapeutiques qui valident l’expérience propre à une personne faisant face aux effets durables des réactions au stress toxique et des traumatismes et qui y sont adaptées.
Les personnes qui travaillent dans le cadre d’une approche centrée sur les traumatismes comprennent que les symptômes d’un traumatisme sont des stratégies d’adaptation qui se sont développées en réaction à une expérience traumatique.
Elles essaient de reconnaître, sans porter de jugement, qu’une personne peut avoir des adaptations comportementales, émotionnelles ou physiques qui se sont développées spécifiquement en réaction à des facteurs de stress accablants.
En tant que professionnels du soutien, notre objectif est d’adopter une approche souple. Nous devons garder à l’esprit qu’il est parfois difficile de traiter avec des personnes qui ont évolué dans un environnement de stress toxique ou de traumatismes. Elles peuvent être instables ou extrêmement repliées sur elles-mêmes. Elles peuvent se montrer irresponsables ou présenter des dépendances. Mais si nous considérons la source de ces problèmes, il devient clair que, en tant que professionnels du soutien, tout ce que nous pouvons faire pour offrir une structure, des idées pour aider à planifier et à réduire le stress ainsi que pour augmenter des expériences positives, permettra d’entamer un processus de guérison, même si ce n’est que de façon limitée.
De nouvelles approches
Au lieu de dire : « Qu’est-ce qui ne va pas chez vous? », demandez : « Que vous est-il arrivé? ».
Validez l’expérience et adaptez l’approche de manière à ce qu’elle corresponde à l’expérience propre à chaque personne.
Comprenez que les symptômes d’un traumatisme représentent des stratégies d’adaptation qui se sont développées en réaction à une expérience.
Reconnaissez sans porter de jugement qu’une personne peut avoir des adaptations comportementales, émotionnelles ou physiques qui se sont développées en réponse à des facteurs de stress accablants. S’en éloigner, si elles sont dommageables, nécessiterait de les remplacer par un autre mécanisme de protection, une autre stratégie ou une autre forme de soutien.